mercredi 11 novembre 2015

A la recherche du GR perdu


C'est toujours un plaisir particulier, de découvrir un sentier jusque-là inconnu dans un coin qu'on pensait avoir déjà parcouru en long, en large, et en travers. Depuis que je suis gamin, la Baume est la montagne vers laquelle se tourne mon regard. Je dis montagne, mais c'est une montagnette. Pas sainte comme son homonyme des Bouches-du-Rhône, pas sacrilège comme sa copine Pierre Impie, à quelques encablures de là. 
La Baume surplombe la citadelle de Sisteron, et offre principalement au coureur un beau chemin qui monte régulièrement sous les pins, contre la roche, avant de s'élever en une série de raidillons vers une grotte, le trou de l'argent. La légende veut qu'un type y ait caché un trésor, dans des temps reculés. J'ai bien cherché, je n'ai rien trouvé. De l'autre côté de la grotte, on passe un petit pierrier parfois fréquenté par quelques chamois en goguette, on grimpe quelques échelles et on s'aide de câbles pour se hisser au sommet. Après un petit bout de crête, on bascule sur le versant nord, et la descente très roulante ramène au pied du rocher.

En courant bien, le tour complet prend pile une heure, et offre la plus belle sortie courte au départ de Sisteron. Mais malgré tout l'attachement que j'ai pour le tour du trou de l'argent, que je ne manque pas de faire à chaque fois que je passe dans le coin, dernièrement j'ai aussi eu envie de tenter autre-chose. Je trouvais bizarre que la Baume n'offre qu'un chemin. Comme je l'ai dis plus haut, ce n'est qu'une montagnette, et les anciens n'avaient pas que ça à faire, tracer des singles qui ne mènent nulle part, mais tout de même... Plus je la regardais, d'en bas, plus je me disais qu'il devait y avoir d'autres voies.





J'ai décortiqué mes cartes IGN, jusqu'à trouver un truc ressemblant vaguement à un chemin, partant d'Entrepierres et montant au sommet. D'après une vieille carte au 50 000, le GR passait même sur ce versant, des années plus tôt. Bon, un GR, normalement, ça se trouve facilement. Je suis donc parti complet au hasard, en me disant bien qu'une fois à Entrepierres, je trouverais bien le chemin. Facile.

J'ai donc pris le versant nord de la Baume, jusqu'au village, absolument désert. J'ai suivi un premier single, qui se terminait dans un roncier, puis un bout de piste menant à une ferme plus ou moins abandonnée. Sans trop savoir comment, je me suis retrouvé au fond d'un vallon, dans lequel il faisait presque nuit à deux heures de l'après-midi. Le genre de squat pour insecte, bien humide et bien bordélique, dans lequel on essaie de rester le moins longtemps possible. Juste quand j'étais sur le point de renoncer, et d'accepter de rentrer par la piste, j'ai vu une petite construction avec une porte bleue, un peu sur la gauche. Certainement une source ou un réservoir.

Je me suis dis qu'il devait certainement y avoir un chemin à partir du truc, un chemin qui, s'il ne montait pas vers la Baume, me permettrait au moins de redescendre sans encombre au village. À quatre pattes sous les ronces, j'ai donc parcouru les quelques mètres me menant au bâtiment. Il y avait effectivement un chemin. Un chemin bien entretenu descendant vers Entrepierres, et un autre, sinueux et incertain, montant entre les buis vers la Baume. Impossible de savoir si j'étais sur la bonne voie, le chemin s'arrêterait peut-être après quelques dizaines de mètres, mais je n'avais pas grand-chose à perdre.







Je me suis lancé dans la montée, tranquillement, en observant le rocher sous ce nouvel angle. Vu d'ici, il avait l'air plus petit et plus abrupt. Il se découpait, tordu, sur un ciel blanc d'automne. La grimpette était agréable, plus sauvage que par le chemin classique. Après quelques centaines de mètres, sur un arbre, j'ai distingué une vieille marque, à demi-effacée par le temps. Deux traits parallèles, un blanc et un rouge, au milieu de la mousse poussant sur le tronc d'un chêne. J'étais bien sur l'ancien GR. Heureux, j'ai continué ma course jusqu'à la disparition du sentier, puis je suis monté jusqu'en crête un peu comme j'ai pu. Le point de vue qui s'ouvrait face à moi était très proche de celui que je connaissais. Très proche mais un brin différent. Quelques degrés plus à l'est. Un nouveau chemin. Un nouvel endroit. Juste une affaire de point de vue.





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