jeudi 1 septembre 2016

Trail de Restefond la Bonette 2016







Samedi 13 Août, heure de l’apéro. La gorge sèche après une sortie génépi aux abords du Col de Mary, nous nous arrêtons à Jausiers pour récupérer quelques bières locales dans la supérette du village. Envie de boire un coup au bord de l’Ubaye avant de redescendre vers Sisteron, d’admirer encore cette rivière qui accompagne depuis quelques années mes pensées. Sur la vitrine du magasin, une affiche attire mon regard : elle annonce la tenue du premier trail de Restefond la Bonette, la semaine suivante. La décision est prise en deux petites secondes, je compte bien participer à cette course organisée dans ce coin magnifique. 

Dimanche 21 Août, avant l’aube. Les nuages de la veille semblent avoir quitté le ciel. Le café a un goût de frontière italienne. Je me force à manger un petit bout en pensant à un bouquin de Richard Brautigan que j’aimerais bien relire. Je n’ai absolument aucune certitude concernant ma forme actuelle, suite à un été carrément chaotique en termes d’entrainement. Je ne me souviens même pas de ma dernière séance de vitesse, mais ça m’importe finalement assez peu. Je suis simplement heureux de participer à ce trail, dont le parcours me convient plutôt bien : une vingtaine de kilomètres en montée, du village jusqu’aux casernes de Restefond, sous le col de la Bonette. 


Après un bref échauffement dans les rues de Jausiers, je prends position sur la ligne de départ, où je ne connais pas grand monde. Une tape dans le dos me fait me retourner, c’est l’aussi sympathique que dynamique Stéphane Pillet, excellent coureur local avec qui j’ai déjà partagé quelques kilomètres en course. Nous discutons quelques instants, comme moi il ne sait pas trop où il en est niveau forme, il n’a guère couru dernièrement. Le départ est donné quelques instants plus tard, mettant un terme à nos échanges.

Je pars à un bon rythme, et me retrouve aussitôt en tête, ce qui me surprend un peu. Je m’applique à suivre les balisages qui nous sortent du village, et baisse un peu le pied aux abords d’une section de piste qui monte doucement. Nous sommes trois, peut-être quatre coureurs devant. Alain Bellagamba, émérite champion de ski alpi et de kilomètre vertical, me dépasse par la droite. Malgré sa carrure et ses larges épaules, il a une belle foulée tout en souplesse, et je décide de lui emboiter le pas. Le chemin enchaine des portions raides et des passages plus vallonnés, dans des sous-bois rendus humides par les pluies de la veille. En sortant d’un coup de cul qui donne sur un replat, j’accélère franchement pour tester les jambes. Quelques encablures plus loin, dans un virage, la montre d’Alain bippe, et il se laisse décrocher. Un autre coureur m’emboite le pas : c’est Damien Trivel, qui termine sa préparation pour l’Echappée Belle. 

Pendant quelques dizaines de minutes, nous courrons ensemble en silence, en prenant lentement de l’altitude. Juste quelques mots rapides échangés sur une section de route. Il faut dire que le rythme est soutenu. Dans les sections raides, tout va parfaitement, mais je dois m’employer sur les passages roulants pour ne pas lâcher de terrain. Nous prenons alternativement la tête, jusqu’au moment où nous sortons des parties ombragées pour retrouver la lumière, tandis que la trace sillonne entre les hautes herbes jaunes, sous les sommets nus de la Bonette. Spontanément, j’écarte les bras comme pour accueillir cet instant magique, et j’entends la voix de Damien, derrière moi : « C’est quand même génial, non ? » Les marmottes sifflent et s’échappent à notre approche. La chaleur du soleil a quelque-chose d’englobant, de liquide. L’effort se change en mécanique naturelle. C’est un moment privilégié, et nous en avons tous les deux conscience. 

Nous allons perdre un peu de temps à discuter entre le 13eme et le 16eme kilomètre, durant lesquels une série de lacets nous fait encore prendre de la hauteur. Dans une section qui redescend légèrement, Damien sent que je coince un peu et accélère. Il me décroche au train, et prends rapidement une vingtaine de mètres. Je sais qu’il sera difficile de revenir avant l’arrivée, mais je donne le maximum pour ne pas avoir de regret. Après quelques passages entre de beaux blocs gris qui se détache sur l’herbe opaline, un dernier mur nous fait rejoindre l’arrivée – c’est le seul secteur qui me forcera à la marche. Je termine second en 1h54, une minute derrière Damien et huit devant Alain. Stéphane finit sixième, belle performance pour sa première course de l’été. 

Sur la ligne d’arrivée, nous sommes accueillis avec impatience par les organisateurs, qui s’inquiètent déjà des améliorations à porter à leur épreuve. Difficile de trouver à redire, tant tout est parfait pour une première édition, tant en termes de parcours, de ravitaillement, de balisage que d’organisation. Après une heure passée au soleil à applaudir les autres participants, je décide de repartir sur le parcours en sens inverse, à petites foulées, pour profiter encore des paysages. Merci encore à l’organisation pour cette course si spécifique, qui a toutes les qualités pour devenir une classique des Alpes du Sud. 


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